Qui est Masih Alinejad ?
Masih est une journaliste irano-américaine en exil. Elle vit aujourd’hui à New York, où elle continue de s’opposer à la dictature religieuse dans son pays d’origine. Sa résistance au régime religieux autoritaire de Téhéran a conduit à son expulsion d’Iran en 2009. Elle est depuis devenue une experte internationale des réseaux sociaux. Elle offre des plateformes de communication aux femmes iraniennes pour les inciter à montrer leurs cheveux sans foulard en photo et en vidéo, tout en encourageant d’autres formes d’expression de la liberté personnelle.
La Fondation Friedrich-Naumann pour la Liberté en Amérique latine s’est entretenue avec la célèbre militante iranienne pour les droits des femmes
Comment avez-vous trouvé un espace pour exprimer votre désaccord ?
Masih Alinejad : Le choix était simple : aller en prison ou rester dans une plus grande prison, l’Iran. La liberté a un prix [...]. Garder le silence, c’est disparaître à petit feu... sans dignité. En élevant la voix, au moins, on peut se dire qu’on a résisté à l’oppression.
Vous pensez peut-être que j’ai quitté l’Iran pour ne pas être menacée, que je suis en sécurité en dehors de mon pays, à des kilomètres de tout ce qui se passe, mais ce n’est pas vrai. Pourtant, je dois décider : être en sécurité, rester silencieuse, profiter de ma vie, ou penser aux millions d’autres femmes qui me demandent d’être leur voix. Je veux être leur voix. C’est pourquoi, même en ayant quitté l’Iran, je suis confrontée à des menaces quotidiennes.
Pourquoi le fait de partager les histoires des Iraniennes fait-il aussi peur ?
Masih Alinejad : Les Talibans, Daech et la République islamique ont peur des femmes. Ils ont tous peur des femmes libres [...].
Ils ont des fusils et des balles. Ils ont la prison. Ils ont le pouvoir. Ils ont tous les médias. Ils ont tout. Ils peuvent vous tuer. Ils peuvent vous torturer. Ils peuvent vous exécuter.
Ce n’est pas notre cas. Nous n’avons pas de médias d’État, nous ne tuons pas, nous ne pendons pas, nous ne torturons pas, nous n’avons pas de prison. Par contre, nous avons nos mots. Nous avons les réseaux sociaux. Nous avons notre dignité. C’est précisément cela qui leur fait peur : que nous défendions notre dignité.
Ils n’ont pas peur de moi. Ils ont peur de notre unité.
Beaucoup d’hommes vous reprochent de parler du hijab. Ils estiment qu’il y a des problèmes plus importants. Quel est votre avis sur la question ?
Masih Alinejad : Bien sûr, oui. Je vais être très claire : je ne me bats pas contre un bout de tissu. Pour moi, l’obligation de porter le hijab est le pilier d’un apartheid de genre et d’une dictature religieuse [...].
Lorsqu’on vous oblige à porter un hijab dès l’âge de sept ans, cela signifie que vous n’êtes personne. Mais si vous ne portez pas le hijab en Iran ou en Afghanistan, vous n’existez pas non plus.
Cela montre que nous ne nous battons pas contre le hijab ou un bout de tissu. Nous nous battons pour notre existence : nous voulons exister, et nous voulons être traitées dignement. Nous sommes capables de prendre des décisions concernant notre corps.
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